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LE CYBERHARCÈLEMENT EN FRANCE : ÉTAT DES LIEUX EN 2025

Plus de 60 % des jeunes et 40 % des adultes ont été victimes d’au moins une forme de cyberharcèlement.

 Des chiffres alarmants qui illustrent l’ampleur du fléau :

  • 85% des filles et des femmes connectées à Internet sont confrontées à des cyberviolences
  • 7 femmes sur 10 indiquent avoir été victime de violences en ligne au cours de sa vie
  • 1 fille sur 5 a subi des insultes sur son poids, sa taille ou toute autre particularité physique contre 1 garçon sur 8
  • 1 fille sur 6 a reçu des SMS à caractère sexuel sans en avoir envie
  • 58 % des victimes déclarent avoir perdu confiance en eux, et 29 % ont pensé au suicide, illustrant les conséquences dramatiques de ces actes.  
  • Les plateformes comme WhatsApp et les réseaux sociaux sont les principaux canaux, avec 44 % des enfants harcelés via WhatsApp.  
  • Les motivations des auteurs incluent la vengeance (35 %), l’amusement (36 %) ou la pression sociale (34 %).
     

LES FORMES DE CYBERHARCÈLEMENT CHEZ LES ADULTES

Le cyberharcèlement chez les adultes prend des formes variées, souvent plus insidieuses que chez les jeunes, et touche particulièrement les femmes.

1. Harcèlement sexiste et misogynie en ligne

  • Jeux vidéo : + de50 % des femmes dans le gaming ont été victimes ou témoins de sexisme
  • Sites de rencontre : Entre 40 % et 60 % des femmes ont subi du harcèlement, avec un pic chez les 30-39 ans
  • Réseaux sociaux et plateformes d’échange (comme Vinted) : insultes, commentaires déplacés, et menaces sont fréquents

2. Revenge porn et fuite de données personnelles

  • Près de 10 % des Français ont été victimes de publication non consentie de photos intimes
  • 38 % des hommes ont déjà partagé des photos intimes de leur ex, contre 14 % des femmes 

3. Harcèlement discriminatoire

  • Propos racistes, homophobes, islamophobes ou sexistes sont courants :
    • Près de 50 % des Français ont été confrontés à des propos racistes en ligne
    • 40 % ont vu des propos homophobes 

4. Usurpation d’identité et faux profils

  • Création de profils fictifs pour nuire à la réputation ou manipuler des proches.
  • Utilisation de photos ou informations personnelles pour tromper ou harceler.

5. Harcèlement moral et professionnel

  • Attaques répétées sur les réseaux professionnels (LinkedIn, forums spécialisés).
  • Dénigrement public, campagnes de diffamation, ou incitation à l’isolement professionnel. 

6. Messages haineux et menaces

  • Envois répétés de messages insultants, menaçants ou humiliants via messagerie, email ou réseaux sociaux.
  • Ces actes peuvent être anonymes ou provenir de personnes connues.

Ces formes de cyberharcèlement peuvent avoir des conséquences graves : anxiété, isolement, perte de confiance, voire dépression ou idées suicidaires. 
 

QUE DIT LA LOI ?

Face à cette montée en puissance, la France a adopté en 2025 une nouvelle loi créant des infractions spécifiques pour mieux appréhender les formes modernes de harcèlement numérique. Cette réforme vise à combler les lacunes des qualifications pénales traditionnelles et à renforcer les moyens de preuve adaptés aux réalités technologiques.

En France, le cyberharcèlement est reconnu comme un délit et fait l’objet de plusieurs dispositions légales visant à protéger les victimes et sanctionner les auteurs.

Article 222-33-2-2 du Code pénal

Créé par la loi n°2014-873 et modifié par la loi n°2018-703, cet article définit le cyberharcèlement comme : « Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale ». 

Sanctions prévues :

  • Jusqu’à 1 an de prison et 15 000 € d’amende.
  • Si la victime a moins de 15 ans : jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.
  • En cas de harcèlement en meute (raid numérique) : jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende 

Article 222-33-2 du Code pénal

Le cyberharcèlement est considéré comme une circonstance aggravante du harcèlement moral lorsqu’il est commis via un service de communication en ligne. 

Article 226-1 du Code pénal

Protège la vie privée : interdit la diffusion de contenus (photos, vidéos, messages) sans consentement. Peine : 1 an de prison et 45 000 € d’amende.

Loi Avia (2020)

Oblige les plateformes à retirer les contenus manifestement illicites dans un délai de 24 heures après signalement.
 

QUEL RECOURS POUR LES VICTIMES ?

  • Dépôt de plainte : en commissariat, gendarmerie ou par courrier au procureur.
  • Signalement en ligne : via la plateforme PHAROS.
  • Demande de suppression de contenu : auprès des hébergeurs ou moteurs de recherche (déréférencement).
  • Saisie de la CNIL : en cas d’atteinte à la vie privée ou aux données personnelles.
     

BIBLIOGRAPHIE 

  • Cyber harcelée – 10 étapes pour comprendre & lutter > Florence Hainaut
  • Cyberharcèlement, bien plus qu’un mal virtuel > Anaïs Condomines, Emmanuelle Friedmann
  • 15 idées reçues sur les cyberviolences et le cyberharcèlement > Laure Salmona

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